La pédiatre répond

VACCIN CONTRE LE VPH

Pas seulement pour les filles !

Léa et Mathieu, adorables jumeaux de 9 ans, viennent me voir pour leurs examens annuels. Rien à signaler, ils grandissent tous deux à merveille ! L’air inquiet, Mathieu ose lancer : « Je dois recevoir un vaccin ? » « Pas cette année, mon grand, tu le recevras à l’école l’année prochaine, en 4e année. » « Ah oui ! Mais moi, j’en ai juste un ! Et Léa, elle en a deux, parce qu’elle reçoit celui des filles, le vaccin du papillon ! »

Eh bien, minute papillon ! Il y a du nouveau. Dès le 1er septembre 2016, les petits Mathieu aussi pourront recevoir gratuitement le vaccin contre le virus du papillome humain.

Bien que Mathieu l’ait affectueusement surnommé « papillon », le virus du papillome humain n’a rien de ce très gracieux lépidoptère. Bien au contraire.

L’infection au virus du papillome humain (VPH) est actuellement l’infection transmise sexuellement la plus répandue au Canada. Selon l’Institut national de santé publique du Québec et Santé Canada, ce virus touchera trois individus sexuellement actifs sur quatre, et ce, au moins une fois au cours de leur vie. Malheureusement, cette grande « popularité » expose nos jeunes, filles comme garçons, à un risque d’infection relativement tôt dans leur vie sexuelle active, d’où l’importance de les informer et de les protéger précocement.

Le virus du papillome humain s’entoure d’une belle grande famille : ils sont plus de 150 types répertoriés. Quelques-uns sont reconnus pour les complications très sérieuses qu’ils peuvent entraîner, d’autres demeurent moins menaçants. Une quarantaine d’entre eux sont responsables d’infections anales et génitales. On peut malheureusement gagner plusieurs fois à la loterie : contracter un type donné ne protège en rien d’une future infection par son petit cousin.

Nos ados et jeunes adultes doivent être conscients de l’aisance avec laquelle notre charmant virus passe d’un individu à l’autre. Le VPH se transmet facilement lors de rapports sexuels vaginaux, anaux ou oraux, mais aussi par simple contact cutané. Le condom, bien qu’essentiel, n’offre donc pas une garantie sans faille contre cette infection.

Comment reconnaître une infection ? D’abord, certains types de VPH se manifestent par l’apparition de condylomes. Il s’agit là de petites protubérances ou excroissances ayant une allure similaire à celle de verrues. Ils peuvent apparaître isolément, ou en grappes. Non douloureux, ils peuvent cependant donner des démangeaisons. Les condylomes se retrouvent généralement sur la vulve, au niveau du périnée, sur les parois du vagin, au niveau du col de l’utérus, au pourtour de l’anus, ou sur le pénis ou le scrotum de la personne infectée. La bouche et la gorge sont aussi parfois touchées. La très grande majorité des condylomes disparaissent cependant sans traitement en 18 mois.

MIEUX VAUT PRÉVENIR

Toutefois, il est important de savoir que, bien souvent, l’infection au VPH passe complètement inaperçue, car elle demeure asymptomatique. Silencieuse, certes, ce qui ne l’empêche pas de rester hautement contagieuse… et, malheureusement, d’évoluer dans de rares cas vers des lésions cancéreuses redoutées. L’infection au VPH est intimement liée au développement du cancer du col de l’utérus chez la femme. Il est également responsable de lésions cancéreuses de la vulve ainsi que du pénis et de l’anus chez l’homme.

Mieux vaut prévenir que guérir. La vaccination contre le VPH ne protège pas Léa et Mathieu de tous les types du virus, mais le Gardasil – vaccin offert dans le cadre du programme de vaccination québécois – confère une immunité contre les VPH de type 6 et 11, responsables de 90 % des condylomes, et contre les VPH de type 16 et 18, responsables de 70 % des lésions évoluant vers un cancer du col de l’utérus. Depuis 2008, ce vaccin est offert gratuitement aux filles âgées de 9 à 11 ans, soit au cours de la 4e année du primaire. Non seulement le vaccin se montre plus efficace s’il est administré avant qu’une personne ne soit infectée, mais, de plus, c’est à cet âge que le vaccin induit la meilleure réponse immunitaire.

Mais pourquoi avoir donné la priorité à Léa ? Principalement pour la protéger du cancer du col utérin. Cependant, dès septembre 2016, Mathieu pourra lui aussi profiter de cette immunisation, le VPH n’épargnant pas nos petits hommes.

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